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Maturité digitale : le réveil des entreprises du fenua

8 décembre 2016 - 4:06pm
Le premier baromètre numérique du fenua
Alors que la révolution digitale, 3e grande révolution économique mondiale, est en marche depuis plus d’une décennie à l’échelle internationale, comment les entreprises du fenua amorcent-elles le virage ? Pour prendre le pouls du niveau de maturité digitale des entreprises locales, le Medef Polynésie et OPEN (Organisation des Professionnels de l’Économie Numérique) ont lancé le tout premier Baromètre de la Transformation digitale des entreprises. Près de 150 entreprises représentatives des adhérents du Medef Polynésie ont répondu. Les résultats sont contrastés : les entreprises de Polynésie prennent conscience de l’enjeu de leur transformation digitale sans trop savoir encore par quel bout l’aborder. Elles sont par conséquent très demandeuses de solutions d’accompagnement et de formations, mais aussi d’une véritable dynamique et stratégie de développement numérique impulsées par le Pays. Sans omettre de réclamer haut et fort, à la quasi-majorité, de meilleurs niveaux de débit Internet à des tarifs plus concurrentiels.

 

73% des entreprises concernées par la transformation digitale

 

73%. C’est le pourcentage des entreprises interrogées qui pensent que "les entreprises polynésiennes sont concernées par la transformation digitale". Un quart estime en revanche avoir encore 4 à 5 ans devant elles avant d’être touchées par cette révolution économique internationale.

59% jugent que l’impact de cette révolution et très important (34%) ou important (25%) dans leur secteur d’activité, et 86% ressentent au quotidien les changements qu’elle entraîne dans leur travail. Incontestablement, les entreprises du fenua ont pris conscience du grand bouleversement économique mondial et en perçoivent les premiers signes.

Sans trop s’inquiéter pour autant du risque "d’ubérisation" de leur activité en Polynésie. Seul un tiers des entreprises (35%) estime qu’il y a pour elles un risque "important" ou "très important". 39% voit dans ce nouveau business model un "risque moyen".  Et pour 28% d’entre elles, aucun risque que ce changement de modèle économique ne vienne perturber leur fonctionnement. Même pas peur !

 

Le balbutiement de l’e-commerce : 13% de sites marchands

 

Pas de changement de modèle notable non plus du côté de la vente sur Internet. Alors que le commerce en ligne explose à l’échelle internationale, avec des progressions trimestrielles à deux chiffres, les entreprises polynésiennes restent très frileuses. Quand par exemple 200 000 sites marchands se disputent aujourd’hui le marché du shopping en France, que les grandes marketplaces mondiales telles que Amazon, eBay ou le Chinois Alibaba rivalisent d’innovation pour étendre leur business, les entreprises du fenua ne voient pas encore l’intérêt de passer à l’e-commerce. Seules 13% des entreprises interrogées déclarent posséder un site de vente en ligne sur lequel leurs clients peuvent régler directement leurs achats.

55% des entreprises interrogées déclarent cependant être "présentes sur Internet". Le résultat est proche des chiffres nationaux pour les TPE-PME qui sont plus de la moitié en 2016 à avoir franchi le pas du site web.

Mais en Polynésie, cette présence se limite pour l’instant à des sites vitrines ou institutionnels dont la principale utilité est d’afficher sur le web les coordonnées de l’entreprise (95% des sites), et un formulaire de contact par email (88%). On est loin des nouveaux standards internationaux de déploiement de sites web et mobile rivalisant d’ingéniosité et de fonctionnalités pour améliorer et simplifier l’expérience utilisateur et faciliter ainsi la relation client et les services rendus en ligne.

 

Facebook a la cote : 63% de pages entreprise

 

Facebook a en revanche davantage la cote au fenua. Le géant des réseaux sociaux s’impose plus clairement encore comme le chouchou en ligne de la Polynésie. Et des Polynésiens, puisque l’on sait que Facebook compte plus de 140 000 utilisateurs actifs sur les près de 277 000 habitants de Polynésie.

Ainsi 74% des personnes interrogées, dirigeants de société, disposent d’un compte Facebook à titre personnel. Et 63% des entreprises interrogées ont déjà créé leur page pro entreprise sur Facebook. Les autres réseaux sociaux (Twitter, Instagram, Tripadvisor, YouTube…) ont en revanche du mal à décoller au fenua.

Pour les autres, absentes des réseaux sociaux, c’est principalement le "manque de temps" (36%) et le "manque de compétences en interne" (22%) qui constituent les freins à la communication digitale. 

Les mêmes freins sont cités par les TPE et PME françaises, qui sont elles 73% à ne pas être présentes sur Facebook.

 

Visibilité et notoriété first

 

Ce premier baromètre permet aussi de mettre en exergue un point qui n’est pas propre aux entreprises polynésiennes : la méconnaissance de ce qu’est véritablement la « transformation digitale ».

Rappelons que cette mutation en cours recouvre 4 leviers principaux pour permettre à l’entreprise de s’approprier les innovations technologiques, d’être en phase avec les nouveaux usages des consommateurs, et de devenir ainsi plus efficace, plus performante et plus rentable.

Ces 4 leviers sont :

  • Une stratégie centrée sur le client (expérience client)
     
  • Une communication "omni-canal" (sur tous supports, du point de vente physique aux outils web et mobile)
     
  • L’adaptation de l’organisation interne de l’entreprise pour une gestion plus "agile", transversale et collaborative
  • La gestion des compétences digitales de ses équipes et l’accompagnement au changement.

Pour les entreprises polynésiennes, l’impact positif du digital porte d’abord sur l’amélioration de leur image de marque, de leur visibilité et de leur notoriété (87%). C’est le premier point cité. Elles y voient aussi un avantage pour améliorer la connaissance de leurs clients (74%).

Elles ne perçoivent en revanche que très peu l’intérêt de la transformation digitale pour l’optimisation de leurs processus internes, l’innovation, la réduction de leurs coûts, la rentabilité et la performance. Ce sont pourtant les piliers qui poussent l’ensemble des entreprises mondiales à engager leur transformation.

 

48% des entreprises ont déjà engagé leur transformation, 27% l’envisagent

 

Manque de maîtrise et manque de compétences digitales en interne, lourdeur des investissements nécessaires, ces trois principaux freins à la transformation digitale n’empêchent pas les entreprises du fenua de considérer désormais le digital comme une opportunité et non une contrainte. Elles sont 90% à se déclarer "motivée" par le digital.

D’autant que les entreprises ont bien compris l’évolution des usages de leurs clients : 75% estiment que les nouveaux usages ont modifié les comportements des consommateurs "fondamentalement" ou "largement".

Ainsi, 48% des entreprises interrogées déclarent avoir déjà engagé leur transformation digitale, et 27% envisagent de l’engager. Des chiffres qui atteignent respectivement 74% et 26% pour les plus grandes entreprises de plus de 50 salariés soit… 100%.

La prise de conscience est bien réelle et pas si éloignée des chiffres nationaux. Le dernier Baromètre de la Transformation Digitale de CSC France relève que 60% des entreprises françaises ont désormais une stratégie digitale, alors qu’en 2015, une entreprise sur deux n’en avait pas encore.

 

La formation des collaborateurs : une priorité à 70%

 

Preuve s’il en fallait de l’émergence d’une véritable maturité digitale des entreprises du fenua, les conditions de cette transformation sont très clairement posées, et dans le bon ordre.

Les deux principaux éléments clés cités par les dirigeants pour mener à bien cette transformation sont : la formation des collaborateurs aux nouveaux outils, à 70%, et une stratégie digitale claire impulsée par la direction, à 61%.

37% des entreprises interrogées déclarent avoir déjà budgétisé leur investissement dans cette transformation, et 30% l’envisagent.

Seul un quart des entreprises du fenua font de la résistance au changement.

 

Pour une véritable politique de développement digital impulsée par le Pays

 

Très demandeuses d’accompagnement et de formation, les entreprises interrogées attendent aussi beaucoup d’une véritable politique digitale impulsée par le Pays, ainsi que la contribution de l’État à la mise en œuvre d’un écosystème numérique en Polynésie.

Le développement des filières diplômantes aux nouveaux métiers du digital arrive en tête des attentes vis-à-vis de l’État (70%).

Et les entreprises comptent sur le Pays pour :

  • Instituer une aide TPE/PME à la Transition Numérique pour les investissements dans les outils et équipements numériques
     
  • Mettre en œuvre un plan stratégique de développement numérique pour développer les infrastructures, les services et les usages professionnels
     
  • Créer un fonds d’aide à la formation et montée en compétences numériques pour les dirigeants non-salariés du commerce, de l’industrie et des services
     
  • Légaliser la signature électronique en Polynésie française
     
  • Les entreprises attendent par ailleurs de la CCISM la mise en œuvre d’un accompagnement plus poussé des dirigeants d’entreprise : programme de formation aux usages digitaux, accompagnement, ateliers et conférences avec des professionnels du secteur, création d’un espace dédié et mises à disposition de guides et tutoriels sur les outils digitaux.

 

87% des entreprises veulent un Internet plus puissant et moins cher

 

Forcément, qui dit nouvelle maturité digitale dit niveau de connexion adapté à des tarifs concurrentiels. C’est la demande la plus forte des entreprises du fenua :

  • Accroître les niveaux de débit proposés (87%)
     
  • et baisser les tarifs d’accès à l’Internet (83%)

Viennent juste derrière la demande d’accélération du déploiement de la fibre optique (77%) et l’optimisation des connexions Internet dans les archipels éloignés (66%).

L’opérateur public OPT ne peut définitivement plus arguer du manque d’appétence des entreprises pour justifier le bridage des débits de connexion proposés en Polynésie. Tout comme il ne peut plus faire l’économie de la mise en œuvre de réelles offres professionnelles très haut débit pour les entreprises polynésiennes. 

Les entreprises du fenua sont dans les starting-blocks du développement digital, il est urgent que les pouvoirs publics et l’opérateur local se mobilisent pour installer la rampe de lancement.

Dans une étude publiée mi-novembre 2016, Dell Technologies révèle que les meilleurs élèves dans le classement des niveaux de maturité digitale ne sont pas les grands pays développés mais les pays émergents :

"Ces pays ont émergé avec et grâce au digital, ce qui leur a donné une longueur d’avance."

Une "longueur d’avance" dont les entreprises locales aimeraient bénéficier. Elles démontrent aujourd’hui qu’elles veulent être des acteurs actifs et engagés dans la croissance du PIB de la Polynésie. Elles ne peuvent en revanche se battre seules pour structurer la filière numérique polynésienne, moteur de croissance économique, créatrice de richesses et d’emplois nouveaux.

Pour avoir su impulser cette dynamique depuis une dizaine d’année, une île comme La Réunion dispose désormais d’une filière numérique structurée et innovante, qui pèse 9% du PIB.

Il est grand temps que le Pays engage sa propre révolution digitale.

 

TÉLÉCHARGEZ LA PRÉSENTATION DU PREMIER BAROMÈTRE NUMÉRIQUE DES ENTREPRISES

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